Résinier

Le résinier, aussi nommé gemmeur, est celui qui pratique le gemmage. Il s'occupe de récolter la résine des 4000 à 6000 pins de sa parcelle.



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Gemmage - Sylviculture

Résinier du Bassin d'Arcachon sur son pitey

Le résinier, aussi nommé gemmeur (arrousiney ou rousiney en gascon), est celui qui pratique le gemmage. Il s'occupe de récolter la résine des 4000 à 6000 pins de sa parcelle. On rencontre en particulier des résiniers de la seconde moitié du XIXe siècle av. J. -C. à la fin des années 1980. Ils effectuent des saignées dans les pins (cares) et récoltent la résine qui s'en écoule, dans des pots de résine fixés aux arbres.

Présentation

Le gemmeur est celui qui récolte la gemme, alors que le résinier est celui qui la transforme dans la distillerie. Progressivement, les deux termes ont été associés, l'usage les confond actuellement.

Sous l'Ancien Régime, la condition matérielle des résiniers était des plus précaires. Les contrats draconiens qui les liaient aux propriétaires leur laissaient à peine de quoi subsister.

Résinier pratiquant la pique

Un siècle plus tard, si la situation du gemmeur s'est sensiblement perfectionnée, elle n'inspire toujours pas l'envie. Selon un contrat proche du métayage, il est associé à moitié au revenu de son travail et non payé à la journée comme un ouvrier. Le propriétaire apporte le matériel : pots de résine, crampons, pointes et une cabane pour abriter le gemmeur et sa famille en pleine forêt. Le gemmeur doit se procurer les outils et les entretenir. De janvier à octobre, les résiniers travaillent à récolter la résine et pendant les mois d'hiver, ils entretiennent la forêt, débroussaillent et paillent les chemins. Ils recevaient leur premier salaire à la première récolte, soit au mois de mai.

Le travail est fréquemment pénible : les résiniers parcouraient la forêt en semaine, du lever au coucher du soleil. En dehors des débuts et fins de campagnes de gemmage, les actions sont assez répétitives et consistent à pratiquer la pique (entailler à nouveau le pin pour raviver sa blessure et assurer un débit de résine suffisant) et récolter la résine, fréquemment aidé de sa femme. Le soir il faut toujours entretenir les outils en affûtant le tranchant du hapchot.

Devenir gemmeur ne s'improvise pas, on dit qu'il faut 3 ans à un jeune pour devenir un bon résinier, et fréquemment le savoir se transmet de père en fils. La partie la plus délicate à assimiler est l'affûtage des outils, qui conditionne la qualité du travail et par conséquent du revenu.

Revendications sociales

Dans ces conditions de travail, il est naturel que les gemmeurs aient cherché à obtenir de meilleures conditions de travail et une plus grande sécurité financière, alors en particulier qu'ils voyaient de nombreux gros propriétaires s'enrichir énormément grâce au fruit des récoltes successives.

Les actions menées par les gemmeurs ont par conséquent été nombreuses, et quelquefois fort rudes. On peut par exemple citer les émeutes qui se sont déroulées à Sabres en 1863, où plusieurs gemmeurs ont été arrêtés puis condamnés à de la prison ferme avant d'être graciés par Napoléon III. La célèbre manifestation de Mont-de-Marsan du 18 mars 1934, qui a réuni plus de 30 000 gemmeurs et petits propriétaires à une époque où la ville ne comptait que 12 000 habitants ; ou bien toujours les grèves particulièrement dures de 1919 et de 1937 qui ont duré près d'un mois. En avril 1935, 12 000 gemmeurs des trois départements des Landes de Gascogne se réunirent aux arènes de Bordeaux (au Bouscat), pour réclamer l'établissement d'un prix minimum du cours de la barrique de gemme.

La grande grève des métayers-gemmeurs de 1937

Même s'ils étaient toujours légalement reconnus comme des métayers, leur activité tendait à les assimiler à des ouvriers, dans la mesure où ils ne partageaient pas la récolte mais le fruit de la vente. Pour mettre fin à cette ambiguïté, la fédération des gemmeurs luttait pour l'obtention d'un statut légal du métayer-gemmeur. Un cahier de revendications fut élaboré. La liste de ces revendications fut aussitôt soumise au syndicat corporatif forestier, qui regroupait les propriétaires, lesquels refusèrent d'accéder à ces revendications, ce qui déclencha une riposte unanime des gemmeurs.

La grève générale fut proclamée et immédiatement suivie pendant un mois par plus de 30 000 gemmeurs. À ce terme, les propriétaires finirent par accepter le dialogue et acceptèrent qu'une timide modification du statut de métayer. Les gemmeurs reprirent le travail.

La fin du gemmage

Il fallut cependant attendre 1968 pour qu'une convention collective vienne réglementer la profession et mette ainsi un terme à certains abus. Mais il était probablement trop tard, car déjà à cette époque, la mort du gemmage était programmée. L'État est à l'origine de l'ouverture brutale du marché français des produits de la gemme à la concurrence étrangère (venant surtout du Portugal, de l'Espagne ou de Grèce et ce, dès 1952. Cette ouverture totale et sans concertation du marché français à des produits à faible prix de revient s'est d'ailleurs poursuivie sans aucune contrainte alors même que ces pays n'étaient pas encore membres de la Communauté Economique Européenne. On a alors assisté à une baisse généralisée des cours de la résine. Un autre effet de cette décision a été de faciliter l'introduction en France de la technique américaine du gemmage à l'acide sulfurique. Le procédé du gemmage à l'acide sulfurique, ou «gemmage activé», consiste à accélérer ainsi qu'à augmenter la quantité de résine produite par le pin au moment des piques en pulvérisant la plaie avec de l'acide sulfurique.

Malgré ses effets néfastes sur l'environnement, qui sont loin d'être négligeables, les avantages supposés de cette méthode sont de diminuer les coûts de main-d'œuvre (les piques sont moins habituelles, par conséquent pour un même nombre d'arbres, on a besoin de moins de résiniers) tout en augmentant dans le même temps la production de résine.

En 1990, tout était terminé, et le gemmage au passé millénaire disparaissait complètement de la forêt des Landes de Gascogne.

Evolution du nombre de gemmeurs dans la seconde moitié du XXe siècle
Année Nombre de gemmeurs
1950 16 500
1969 10 000
1977 472
1983 223
1989 76

Voir aussi

Paul Kauffmann publie en 1891 dans la revue Le Tour du Monde un reportage sur la "forêt d'Arcachon", en fait la forêt de la Teste de Buch, l'illustrant de ses propres œuvres. «Le tout fait un document particulièrement intéressant sur l'un des aspects de la vie économique de la région, longtemps dominée par la culture du pin pour sa résine.» La forêt d'Arcachon en 1891

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"le resinier ou gemmeur"

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