Laque

Le laque est une résine issue du latex, généralement particulièrement toxique, de divers arbustes de la famille des Anacardiaceæ.



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Définitions :

  • laquer - Recouvrir de laque ou d'une peinture brillante qui imite la laque (source : fr.wiktionary)
  • vernis ou peinture particulièrement brillante obtenue par superposition de couches particulièrement fines. (source : liberon)
Boîte laquée avec motif d'enfants de la période Qianlong, dynastie Qing, 1736-1795.
Par extension, de nombreuses peintures brillantes et lisses sont qualifiées de laques (ici, représentation de la ville de Suzdal, sur un couvercle de coffret rond)

Le laque est une résine[1] issue du latex, généralement particulièrement toxique, de divers arbustes de la famille des Anacardiaceæ. Ce dernier forme en séchant un revêtement solide, résistant aux intempéries : la laque elle-même. Selon les régions on la récolte sur :

La laque prend ses racines en Chine il y a plus de trois mille ans, et sa technique s'est développée ensuite dans toute l'Asie du Sud-Est.

Sous la dynastie Han, du IIIe siècle av. J. -C. au IIIe siècle après, elle fut en premier lieu utilisée pour protéger les armes, puis les objets ménagers et enfin les meubles.

En Birmanie, les origines de la laque semblent venir des pagodes de Bagan au XIIe siècle.

Dans les années 1680, la dynastie des Dagly de Spa, en principauté de Liège, réalisa des imitations fort prisées, nommées le vernis Dagly qui firent une bonne part de la renommée européenne de la ville d'eau et qui brisèrent le monopole de la Hollande qui resta longtemps l'unique importatrice de laques japonaises (le goût pour l'Orient mythique).

En 1730, les frères Martin de Paris mettent au point une imitation de laque à base de copal, le vernis Martin. Ce vernis comporte cependant un gros défaut : il est fragile à l'eau.

Vers le milieu du XIXe siècle, les progrès de la chimie permettent la mise au point d'un vernis laque de meilleure qualité. Au cours de la Première Guerre mondiale, la laque fut employée pour renforcer la résistance des hélices d'avion.

Au XXe siècle des vernis laque performants apparaissent grâce à de nouvelles formules ainsi qu'à des vernis durcissant à l'air. On voit naitre des laques nitrocellulosiques, glycérophtaliques ou polyuréthènes. Ces «laques modernes» furent employées par les décorateurs du mouvement Art déco sur toutes sortes de supports : contreplaqué, latté, aggloméré ou encore tôle d'aluminium.

  • Chine
    • Huang Xia Wu, dynastie Song, 960 - 1279
    • Chang Cheng, dynastie Yuan, 1279 - 1368
    • Chen Ching, dynastie Ming, 1368 - 1644
    • Lao Wei, dynastie Qing, 1644 - 1910

)

On prélève la résine, légèrement comme on le fait avec le latex sur les hévéas, par des entailles à la base du tronc sur lequel sont fixés de petits bols en bambou. La sève du laquier (Rhus verniciflua) a une très forte qualité adhésive et un brillant magnifique.

La sève résineuse récoltée doit être utilisée dès qu'elle a été filtrée et purifiée, colorée ou nature. Elle sèche en formant un film insoluble et sans pores.

La laque naturelle s'utilise par application de couches particulièrement minces ; la qualité de la laque est déterminée par le nombre de couches — sept couches pour une belle laque — les chinois peuvent passer jusqu'à 18 couches sur les plus beaux objets sculptés.

la couleur est obtenue suivant les produits chimiques incorporés, de l'oxyde de fer pour le noir, du sulfure naturel de mercure pour le vermillon, du sesquioxyde de fer pour l'ocre rouge, du sulfure d'arsenic pour le jaune, mélange de jaune et de noir pour le vert.

La laque adhère sur de nombreuses surfaces, bambou, bois, feuilles de palmier, métal, cuir.

Elle possède de nombreuses qualités comme de rendre imperméables les objets qu'elle recouvre, elle résiste aux insectes et garde en toutes occasions sa flexibilité.

Elle a de grandes qualités, mais également quelques défauts comme l'impossibilité de réparer les cassures. Une réparation, si bien soit-elle faite, se voit toujours.
Les Chinois distinguent 3 grands types de vernis du nom des localités où on les prépare :

  • Nien-Tsi
  • Si-Tsi Ces deux premières variétés étant de moins bonne qualité servent fréquemment à la fabrication de la laque noire appelée Yang-Tsi par adjonction de noir d'os de cerf ou de noir d'ivoire et d'huile de thé rendue siccative par l'action de sels d'arsenic.
  • Kouang-Tsi Cette dernière variété est la plus belle. Sa qualité provient d'une moindre présence d'eau dans la laque. On la dilue dans une huile nommée Tsong-Yeou.


La laque est appliquée en couche particulièrement minces qui sont séchées puis polies avec un mélange poudre de brique broyée impalpable, de sang de cochon et d'huile Tsong-Yeou, avant application de la couche suivante.

La peinture chinoise était elle aussi préparée avec de la laque dans laquelle était incorporé du camphre pour la rendre plus fluide, et des pigments colorés minéraux : Cinabre pour le rouge, orpiment pour le jaune, Taï-Tsi pierre violette pour le violet, feuilles d'or pour le blanc.

  • Tsutsu, instrument de saupoudrage. Permet de saupoudrer la surface de la laque toujours fraîche de poudre d'or, d'argent ou d'un mélange de différents métaux. le tsutsu est une tige creuse de bambou taillée en biseau pointu à une de ses extrémités. L'artiste prélève légèrement de poudre qu'il vaporise sur la laque poisseuse en soufflant avec sa bouche à l'autre bout du tube. Le tsutsu est le symbole du laqueur tout comme la palette et le pinceau sont le symbole du peintre.
  • Hakè, pinceau large et plat.
  • Hera, spatule.
  • Fude, terme général pour désigner un pinceau quelque soit sa forme.
  • Outil à polir. Le plus souvent il s'agit de la canine d'un chien montée sur un manche.
  • Une lame de rasoir
  • Sachets contenant des pigments, de la poudre d'or, d'argent ou d'alliages de métaux de différentes granulations. Ces dernières dépendent de l'effet recherché. Les pigments sont toujours des pigments naturels (par exemple, la poudre de charbon de bois pour le noir).
  • Une enceinte close, le muro, dans lequel l'objet fraîchement laqué sera mis à sécher à l'abri des poussières et en atmosphère humide et chaude. Une attention toute spécifique, véritable esclavage pour l'artiste, doit être apportée à l'entretien de son muro. Des réchauffeurs maintiennent une température parfaite tandis que des bols remplis d'eau assurent une humidité constante. L'artiste doit veiller à ce que les parois de l'enceinte ne ruissellent pas. Pour ce faire, il doit les éponger régulièrement. Le temps de séchage fluctue suivant le type de laque et l'hygrométrie de l'air extérieur. La moyenne est de trois jours. Il est impératif que le séchage complet soit respecté, faute de quoi, la laque restera collante et impropre à être poncée et polie.

On peut distinguer

  • Les laques sculptées. Dans la technique dite guri, une ornementation d'arabesques est sculptée en V dans l'épaisseur de la laque qui doit, par conséquent, avoir une épaisseur suffisante. Plus de 20 couches de laque peuvent être indispensable. Une variante consiste à superposer des couches de laques de couleurs différentes. La sculpture fera apparaître les différents coloris étagés sur la tranche de la coupe.
  • Les laques décorées par incorporation de pigments ou de poudre d'or et/ou d'argent. Parmi ces laques, on retiendra les décors connus sous les termes de togidashi, hiramaki-e et takamaki-e.
    • Décor togidashi : les différents décors sont précisément au même niveau que le fond. Il n'y a aucune surépaisseur. Après avoir recouvert l'objet d'une couche uniforme (généralement noire ou or) de laque. Sur ce fond, l'artiste implante le décor qui se trouve ainsi en relief. Il recouvre alors la totalité de l'objet, y compris son décor, de laque de la couleur du fond puis, par ponçage, il dégage le décor qui se trouve ainsi être précisément au même niveau que le fond. Cette technique est dite sumi-e togidashi quand elle imite les dessins orientaux peints avec une encre noire (sumi-e=peinture à l'encre noire). Elle a été particulièrement utilisée par Sunshô[2]
    • Décor hiramaki-e : les différents décors sont en faible relief sur le fond (pas plus que l'épaisseur d'une couche de laque).
    • Décor takamaki-e : les décors, généralement en laque d'or, sont en fort relief comparé au fond. Cet effet est produit par l'incorporation à la laque d'épaississants (par exemple, une quantité plus ou moindre de poudre de charbon de bois donnera une laque plus ou moins épaisse). Une laque contenant énormément d'épaississant aura tendance à moins «s'étaler» qu'une laque qui en contient moins. Les couches de laque ainsi épaissies sont juxtaposées jusqu'à obtenir l'effet souhaité puis recouvertes d'une couche de laque de finition (en général, une couche de laque d'or).

Avant que la dernière couche de laque soit sèche, l'artiste (le maki-e-shi) peut décider l'incrustations d'éléments en nacre (usugai raden), ivoire, or, corail, etc. ou même d'éléments que l'artiste a confectionné lui même a partir de laque qu'il aura colorée puis sculptée à l'aide du bord tranchant du tsutsu et mise ensuite à sécher sur une plaque de verre (c'est un des avantages du tsutsu comparé à un autre moyen de pulvérisation).

La division entre les différents décors n'est pas aussi tranchée. Un même objet peut incorporer deux ou alors trois types de décors.

L'artiste débute par confectionner une âme en bois de l'objet (en général du bambou) qu'il amincit par usure. À ce stade, la pièce est bien régulière et lisse. Elle ne mesure pas plus d'un demi millimètres d'épaisseur. Il peut alors entreprendre le travail de laquage lui-même. Il procède par couches juxtaposées en respectant un temps de séchage qui peut atteindre plusieurs jours entre chacune d'elle. Une fois sec, la laque est poncée puis soigneusement polie avec la dent de chien jusqu'à ce que sa surface soit idéalement lisse. le maki-e-shi peut alors appliquer la couche de laque suivante qu'il mettra aussi à sécher. Un objet peut comporter ainsi jusqu'à 20 couches successives si la laque est conçue pour être sculptée. Le même minutieux travail de ponçage et de polissage est effectué entre chaque couche.

Un minimum de deux couches sont nécessaires à une laque d'or : une couche de base et la couverture de finition. Pour réaliser la couche de base, l'artiste saupoudre, à l'aide du tsutsu, la laque toujours poisseuse de poudre d'or dont le grain dépend de l'effet désiré. Les particules adhèrent fortement à la laque au cours du séchage. L'or qui n'a pas adhéré est récupéré par brossage. Un polissage vigoureux donnera une teinte uniforme. Une couche de laque translucide (shuai urushi) est ensuite appliquée en finition. Le ponçage et le polissage de cette dernière l'amincissent jusqu'à ce que la couche or du fond transparaisse sous la couche de finition. Les particules d'or sont ainsi emprisonnées dans la laque. Par usure, la dorure paraît de plus en plus brillante au fil du temps. Quelquefois, au lieu de teinter la laque dans sa masse selon une des méthodes décrites au paragraphe «fabrication» du présent article, le laqueur peut décider de déposer les pigments sur la laque toujours poisseuse comme il le ferait pour des particules d'or (poudre de charbon de bois pour le noir, cochenille pour la couleur rouge foncé, etc. ). En mélangeant différents pigments, le maki-e-shi obtient des nuances de couleurs. Ces couches colorées seront toujours recouvertes d'une couche de laque translucide qui sera poncée puis polie. Quand les particules sont extrêmement fines, il est impossible de les saupoudrer à l'aide du tsutsu sous peine de les voir voler et se coller au hasard sur la laque ou s'agglomérer par plaques. Il faut alors les appliquer au pinceau ou avec un fil de soie.

  • Fundame : couleur or mat
  • Gimpun : poudre d'argent
  • 'Hirame : paillette d'or identiques au nashiji. Existe en 7 à 8 granulométries comme le nashiji, La différences est qu'elles sont deux à trois fois plus épaisses puis aplaties par pression. Leur intérêt réside dans le fait qu'étant épaisses, elles acceptent un polissage plus intense et sont par conséquent plus brillantes. les ôhirame sont de grandes plaques d'hirame trop importantes pour être mises en place à l'aide du tsutsu. Il faut alors les piquer sur une épingle ou une aiguille en bambou pour les déposer à la surface de la laque humide.
  • Kabon urushi : noir mat obtenu par pulvérisation de poudre de charbon de bois. Utilisé quand le noir brillant du roiro n'est pas souhaitable.
  • Keshifun : poudre d'or presque impalpable tant la granulométrie en est faible. Keshifun et les deux ou trois premières granulométries de kimpun ne sont utilisées que pour les faces intérieures des compartiments (naibu) mais aussi pour leurs bords (ikkake ou ikake) et les épaulements (tachigari).
  • Kimpun : poudre d'or
  • Kinji : couleur or brillant. La différence entre ces deux ors réside dans les poudres (marufun) qui les composent.

Kirikane : formes géométriques (le plus fréquemment des carrés ou des triangles) découpées à la lame de rasoir (jamais aux ciseaux qui courberaient les bords) dans des bandes de métal (kanagai) disponibles en trois épaisseurs. Le décor kirikane s'applique sur un fond fundame.

  • Koban ou kobampun : Mélange de trois parties de poudre d'or et d'une partie de poudre d'argent. L'oxydation de l'argent confère à l'or un aspect verdâtre.
  • Marufun : nom générique donné à l'ensemble des poudres métalliques (or, argent ou koban). Il existe dix granulométries différentes de marufun.
  • Nashiji : paillettes irrégulières d'or (kin nashiji), d'argent (gin nashiji) ou de koban (koban nashiji). Existent en 7 ou 8 granulométries différentes. Toujours saupoudrées à l'aide du tsutsu, elles sont particulièrement utilisées pour l'intérieur de compartiments. Leur nom vient de leur ressemblance avec la peau de la poire nashiji. les gyôbu nashiji sont des nashiji dont la granulométrie, bien supérieure à celle des nashiji, interdit l'usage du tsutsu. Ils devront être mis en place un par un avec une fine tige en bambou ou une aiguille.
  • Sumiko : couleur noire, mate, obtenue en saupoudrant la laque de charbon de bois.
  • Roiro urushi : Le roiro est le nom donné à la couleur noire extrêmement brillante, à fort pouvoir réfléchissant. l'urushi est le nom donné par les japonais au laque, autrement dit au suc à l'état brut directement extrait de l'arbre. Le roiro urushi est obtenu par réaction chimique entre le laque et des particules de fer. Le mélange était jadis préparé par l'artiste lui-même puis filtré plusieurs fois à travers un papier poreux (yoshino gami) jusqu'à obtention de la couleur noire désirée. Aujourd'hui, le roiro urushi peut être acquis, prêt à l'emploi, auprès de marchands spécialisés (urushiya). Le brillant est obtenu par un polissage minutieux et répété des couches de laque. Le noire, profond change de couleur avec le temps et peut devenir caramel ou alors rouge.

La technique, plus simple, nécessite aussi de travailler dans un local exempt de poussière. Elle utilise des peintures glycérophtaliques à l'aspect brillant. Les différentes couches sont juxtaposées avec un ponçage à l'abrasif à l'eau de granulométrie 800 jusqu'à obtenir une surface idéalement lisse. En superposant des couches de peinture de couleur différentes, l'abrasion permet des effets artistiques de dégradés. Il est envisageable de déposer des débris de feuille d'or avant la couche de finition incolore.

The inrô handbook Studies of netsuke, inrô, and lacquer, Raymond Bushell, Weatherhill, 1979-2002.

  1. Le laque, nom masculin, est le produit résineux brut tel qu'il est recueilli sur l'arbre qui le produit. Il devient féminin après avoir été travaillé pour obtenir la laque qui est le produit fini utilisé (cf le chapitre fabrication plus loin, dans ce même article).
  2. célèbre laqueur japonais

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