Prosilva

Pro Silva est une association de forestiers réunis pour promouvoir une sylviculture irrégulière continue proche de la nature.



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Forêt - Sylviculture

Pro Silva est une association de forestiers réunis pour promouvoir une sylviculture irrégulière continue proche de la nature (SICPN). Sa création remonte à 1989 en Slovénie.

Pro Silva est un mode de sylviculture basé sur la gestion de la qualité, qui se veut respectueux des processus naturels des écodispositifs forestiers, tout en étant économiquement viable, ou alors plus rentable que d'autres modes de sylviculture, intensifs et peu sûrs face aux aléas qui peuvent affecter les forêts (tempêtes, incendies, maladies) ou même face aux fluctuations du cours du bois.

Cette sylviculture prône une gestion durable de la forêt valorisant l'automation biologique (les bio-automatismes pour Andréas Speich, ancien directeur de la Forêt de Zurich) par une diversité de composition et de structure proche de celle qu'on trouve ou trouverait dans la nature, dans un contexte biogéographique équivalent, tout en intégrant les fonctions écologique et sociale qui sont désormais assignées aux forêts (Convention de Rio sur la biodiversité, Processus d'Helsinki... ).

Cette sylviculture permet d'obtenir des revenus soutenus et réguliers tout en conduisant à des forêts multifonctionnelles, continues et stables (plus résilientes). Elle peut énormément plus aisément faire l'objet d'une écocertification ou d'une écosociocertification.
Une gestion «proche de la nature [1]» ou de type Prosilva a été recommandée par le Conseil pour la stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère ainsi qu'aux ministres de l'environnement de la zone paneuropéenne réunis lors de la «5ème Conférence sur l'environnement pour l'Europe» lors de laquelle le conseil a demandé aux ministres qu'ils travaillent de concert pour qu'avant 2008, 80% des forêts de la zones paneuropéenne soient couvertes par programmes forestiers nationaux et régionaux (ou équivalents), employant une gestion sylvicole proche de la nature («définies par les principes de gestion des forêts PRO SILVA, qui intègrent des aspects de conservation de la biodiversité à une approche respectueuse des écodispositifs») [1];

Principes

Les principes de base prônés[2], par Pro Silva croisent deux principes :

  1. l'imitation de la nature ;
  2. la méthode «QD» (Qualification-Dimensionnement) qui part du principe qu'en forêt (y compris tempérée ou nordique), focaliser les investissements et les bénéfices sur un nombre faible, mais de qualité exceptionnelle d'arbres est rentable. À titre d'exemple, pour la Belgique, selon[3] G. J. Wilhelm , comparé à une sylviculture respectant les traditions, le hêtre exploité de la sorte à 115 ans, produirait un bénéfice deux fois plus élevé. L'épicéa (sur la base des prix (2006) d'arbres de très haute qualité, soit 220 €/m3 à 579 €/m3 selon la taille/diamètre, à comparer aux 80 €/m3 (tout diamètre, à partir de 25 cm au milieu) pour une qualité «charpente».
    La même étude confirme que des hêtres qui semblent avoir végété en sous-étage durant des décennies restent économiquement particulièrement rentables, lorsqu'il s peuvent s'épanouir à la lumière (ce qui ne se produit pas avec une stratégie, d'autre part coûteuse de coupe rase)...

Du croisement de ces deux principes découlent les recommandations suivantes :

Des inventaires réguliers affinent ou réorientent les objectifs, réévaluent périodiquement le capital sur pied et de l'accroissement ; pour planifier les travaux, recettes et dépenses, toujours en cherchant à optimiser et diminuer les coûts, pour un bénéfice durable, tout en protégeant ou augmentant le capital.

Rentabilité et avantages

Le volume produit sur une parcelle étant peu variable, le chiffre d'affaires dépendra en particulier de la valeur individuelle des arbres, qui selon Brice De Turckheim, président de Pro Silva France, peut aisément passer de 1 à 100[4]. La sylviculture proche de la nature offre selon ses promoteurs et praticiens de nombreux avantages sur la gestion en coupes rases.

Les avantages sont surtout :

Histoire

Ce mode de gestion s'est en premier lieu développé en Allemagne après la Deuxième Guerre mondiale pour faire face aux séquelles de guerre et au manque de moyens dans le contexte de reconstruction de l'Allemagne. En effet, les plants des pépinières allemandes étaient mobilisés pour reboiser en France, au titre des dommages de guerre, les forêts dévastées par le conflit. Pour reconstituer ces forêts en respectant l'environnement, et avec un minimum de moyens techniques et financiers, certains forestiers allemands se sont inspirés des processus naturels de résilience écologique de l'écodispositif forestier. Ceci explique pourquoi cette sylviculture est toujours qualifiée de «proche de la nature».

Pro Silva fait partie d'un mouvement nommé ecoforestry par les Anglosaxons.

Europe

Pro Silva Europe rassemble 24 pays et plus de 6 000 forestiers partageant les mêmes conceptions sylvicoles.

Coopération : De 2005 à 2007, un projet européen Interreg «Coopération pour un Renouveau Sylvicole» (CooRenSy) regroupe des organismes et des administrations belges, luxembourgeoises et françaises qui veulent partager leurs connaissances ou expériences en matière de gestion de futaies irrégulières et d'application des principes de Pro Silva, pour apporter aux gestionnaires et propriétaires une bonne alternative, éprouvée, tant sur le plan économique qu'écologique. Site : www. coorensy. eu

En France

Pro Silva France est une association nationale qui se décline en groupes régionaux, dont la base de fonctionnement s'articule autour de tournées forestières. Pro Silva France est intégrée au niveau européen à Pro Silva Europe, qui regroupe 24 pays et plus de 6 000 forestiers ayant les mêmes conceptions sylvicoles.

En Belgique

La DNF (Division de la Nature et des Forêts) soutient depuis les années 2000 des initiatives individuelles de ses agents voulant tester une sylviculture Pro Silva. La DNF annonce[5] en 2006 vouloir mieux développer cette approche sylvicole au sein de ses forêts domaniales et dans une partie des propriétés communales, car Pro Silva lui semble le meilleur moyen de répondre aux attentes des propriétaires et du développement durable, la DNF se devant d'autre part d'être un exemple pour les propriétaires publics et privés. Pro Silva semble enfin mieux à même de remplir les engagements de la DNF en termes d'écocertification forestière ou de Natura 2000.

Critiques ou limites

Les critiques fondées sur des arguments économiques ont déjà été battues en brèche par les évaluations de rentabilité économiques[6], qui à moyen et long terme semblent en faveur des méthodes de gestion proche de la nature. Et les modifications climatiques attendues pourraient toujours augmenter l'intérêt de ce type de gestion, plus résiliente.

Parmi les améliorations toujours envisageables, resterait la possibilité de localement diminuer ou supprimer le cloisonnement (ce qui se fait déjà particulièrement localement grâce au débardage par câble, sur fortes pentes, ou par des méthodes éprouvées dans le passé, dont par évacuation du bois par flottage et/ou tobbogan). La majorité des forêts Pro Silva, tout en prônant une gestion parfaite pied à pied sont en effet toujours des forêts assez fortement cloisonnées, ce cloisonnement étant justifié pour favoriser le débardage et en limiter les dégâts, pour favoriser la chasse, les battues, et pour que le forestier puisse «se retrouver» en forêt.

Lorsque le cloisonnement consiste en chemins végétalisés, qui respectent le cours naturel de l'eau, et que les engins sont limités en poids et équipés de pneus larges et «basse-pression», et que les chantiers se font sur sols gelés, leur impact est supposé nul ou modéré. Mais de nombreux cloisonnements et chantiers ne répondent pas à cet parfait. Ils ont été fait sans respect de la topographie et du sol, ils contribuent quelquefois à un drainage qui rend la forêt plus vulnérable aux incendies. Ils peuvent avoir un impact non négligeable sur les sols fragiles et en termes de fragmentation écologique de la forêt.

Or, à l'ère de la miniaturisation informatique et du GPS le déplacement en forêt pourrait à l'avenir avoir moins besoin de routes et cloisonnements. Les petites scieries mobiles déjà utilisées sur les fortes pentes ou dans certaines zones tropicales permettent de débiter sur place et d'évacuer des planches ou grumes de petites sections au lieu de grandes grumes. Le débardage par cheval (éléphant ou autres animaux sous les tropiques) sert à diminuer le besoin d'infrastructures. D'autres[7] ont suggéré que l'installation de routes provisoires avec du matériel tel qu'utilisé par le génie militaire (planches métalliques percées, amovibles pour le roulage, qu'on récupère en fin de chantier pour réutiliser ailleurs) pourraient être testées. Ces alternatives ont un coût qui pourrait éventuellement être compensé par la surface enforestée supplémentaire et une résilience toujours perfectionnée de la forêt. Remarques : ces critiques et suggestions valent tout autant - sinon plus - pour les massifs gérés en coupe rase.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Pour plus d'informations, voir le site officiel de l'Association :

Notes et références

  1. Compte rendu de la 7ème réunion du Conseil pour la stratégie paneuropéenne de la diversite biologique et paysagère (STRA-CO)  ; Genève 30-31 janvier 2003
  2. Selon AUQUIÈRE P. et al. (voir bibliographie)
  3. Wilhelm G. J. [2008]. Aspects financiers et perspectives économiques de la méthode «Qualification-Dimensionnement». Forêt Wallonne 93 : 25-33 (9 p., 8 tab., 5 réf. ).
  4. Brice De Turckheim en 2006, dans un article sur La Sylviculture Irrégulière, Continue et Proche de la Nature (SICPN), un moyen de perfectionner la rentabilité de la forêt. Forêt Wallonne 85 : 19-26 (8 p. ).
  5. Blerot P., Van Driessche I., Auquière P. [2006]. La sylviculture Pro Silva, un atout économique pour l'administration forestière. Forêt Wallonne 85 : 38-42 (5 p., 2 fig. ).
  6. Cf. par exemple thèse et ouvrages ou articles de Marie Stella Duchiron, en France et en Allemagne
  7. Propositions faites par FNE et le Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais auprès de PEFC

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"the PROSILVA machine is"

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