Forêt

Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, assez dense, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres et d'espèces associées.



Catégories :

Forêt - Sylviculture - Formation végétale - Écosystème

Forêt tempérée résineux, îles San Juan dans l'État de Washington
Forêt inondée en Pologne
Forêt tempérée mixte en France
Forêt de lauriers sur l'île de la Palma
Bush australien
Dans les boisements plus ouverts, la strate herbacée plus éclairée s'exprime plus densément
Forêt tropicale sur l'île de Bali

Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, assez dense, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres et d'espèces associées. Un boisement de faible étendue est dit bois, boqueteau ou bosquet selon son importance.

Une large typologie de forêts existe ; des forêts dites primaires, aux forêts dites urbaines, en passant par de nombreux types de sylvicultures et d'agrosylvicultures.

La forêt est aussi un milieu de vie et une source de revenus pour l'homme : au début du XXe siècle, plus de 500 millions de personnes, dont 150 millions d'autochtones vivent toujours en forêt ou à ses abords[1].

Définitions

La définition du terme de forêt est complexe et sujette à controverses. Elle tient compte de la surface, de la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement du sol. Au Sahel, un boisement est reconnu comme forêt à partir d'un taux de recouvrement de 10 % tandis qu'en Europe (définition CEE-ONU/FAO), on ne parle de forêt qu'à partir d'un taux de recouvrement de 20 %.

Les chiffres de surface forestière fluctuent par conséquent selon les sources. Ainsi, tout l'est de la Taïga russe, constitué de formations basses de conifères nains, sera, selon les sources, comptabilisé ou non en forêt, ce qui fera fluctuer la surface forestière qui plus est ou moins 20 %

Du point de vue botanique, une forêt est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée, mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des épiphytes. Plusieurs arbres forestiers vivent en symbiose avec des champignons et d'autres micro-organismes, et énormément dépendent d'animaux pour le transport de leur pollen, de leurs graines ou de leurs propagules.

Du point de vue de l'écologie, la forêt est un écodispositif complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et microbiennes entretenant entre elles, pour la majorité, des relations d'interdépendance.

Malgré une apparente évidence, définir la forêt reste par conséquent délicat : où arrêter les limites de hauteur de végétation (une plantation de jeunes pousses est-elle une forêt ?), de superficie minimale (à partir de quelle superficie passe-t-on d'un jardin boisé à un bois puis à une forêt ?), de degré de proximité ou de «sociabilité» des arbres (un terrain portant des arbres distants de plusieurs dizaines de mètres est-il toujours une forêt ?) ou de qualité (un boisement monospécifique d'eucalyptus ou de peupliers, de pins ou de sapins d'une même classe d'âge, plantés en alignements stricts est-il une forêt ou une simple culture sylvicole ?).

Définition française

Diverses définitions de forêt de protection ou de production se sont succédé. Pour l'IFN (Inventaire forestier national)  :

«Sont reconnus comme formations boisées de production des formations végétales comprenant des arbustes appartenant à des essences forestières qui satisfont aux conditions suivantes :
  • soit être constituées de tiges recensables (diamètre à 1, 30 m du sol égal ou supérieur à 7, 5 cm) dont le couvert apparent (projection de leur couronne au sol) est d'au moins 10 % de la surface du sol.
  • soit présenter une densité à l'hectare d'au moins 500 jeunes tiges non recensables (plants-rejets-semis), vigoureuses, bien conformées, bien réparties ;
  • avoir une surface d'au moins 5 ares avec une largeur de cime d'au moins 15 mètres ;
  • ne pas avoir une fonction de protection ou d'agrément.
Au sein de ces formations boisées (dont forêt de protection), on distingue les massifs boisés d'au moins 4 hectares avec une largeur moyenne de cime d'au moins 25 mètres, des boqueteaux dont la superficie est comprise entre 50 ares et 4 hectares et les bosquets dont la surface ne doit pas dépasser 50 ares.»

Remarque : l'IFN comptabilise les peupleraies et plantations d'eucalyptus ou d'autres essences non autochtones dans les forêts, tandis que d'autres définitions les en écartent et les considèrent comme des plantations ou alors une forme d'agrosylviculture.

La définition la plus récente de l'IFN stipule qu'une forêt est "un territoire occupant une superficie d'au mois 50 ares, avec des essences forestières [arbres poussant en forêt] capables d'atteindre une hauteur supérieure à 5m, avec un couvert arboré de plus de 10% et une largeur moyenne d'au moins vingts mètres. La forêt se subdivise en bois et boqueteaux, ne comprend pas les bosquets, mais inclut les peupleraies".

Caractéristiques

Structure

La forêt est caractérisée par sa grande diversité en habitats et niches écologiques :

Forêt primaire et forêt secondaire

Il est courant de distinguer la forêt primaire (forêt naturelle) de la forêt secondaire ou forêt plantée (forêt entièrement ou fortement façonnée par l'homme). La première est reconnue comme n'ayant pas fait l'objet d'intervention humaine y ayant laissé des séquelles importantes ou observables, elle correspond à la végétation naturelle potentielle ; la dernière étant modifiée suite au travail des forestiers ou sylviculteurs. Moins de 10 % de la planète est toujours couverte de forêts primaires, qui abritent cependant toujours la majeure partie de la biodiversité terrestre. Ces forêts sont en forte régression, à cause des coupes faites pour l'élevage ou les cultures conçues pour nourrir les animaux d'élevages et/ou pour gagner des terres agricoles ou pour l'exploitation commerciale du bois.

Superficie

Classement des dix plus grands pays par la forêt en 2005

La forêt, au sens le plus large couvre en 2005 à peu près 30 % des terres émergées du globe.

Selon la définition retenue, la superficie estimée de la forêt mondiale fluctue de 2, 4 à 6 milliards d'hectares sur la base des chiffres envoyées par les États, la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a estimé la forêt mondiale à presque 4 milliards d'hectares, soit 0, 62 ha/habitant. Mais la forêt est mieux préservée sur la ceinture tropicale humide et au nord de la zone tempérée dans l'hémisphère nord. Ailleurs, dans 64 pays abritant un total de 2, 0 milliards d'habitants, on compte en 2005 moins de 0, 1 hectare de forêt par personne, chiffre qui diminue inéluctablement tandis que le taux de population augmente et que la forêt régresse. Sept pays ou territoires ne possèdent plus aucune forêt et dans 57 autres pays, elles ne couvrent plus que moins de 10 % des terres.

En Europe occidentale, avant l'intégration des pays d'Europe du Nord, le pays le plus boisé était le Luxembourg, avec 34% de taux de boisement. C'est l'ancien département des Forêts du temps de l'Empire napoléonien.

En France la forêt couvre 27 à 28% du territoire, avec des variations importantes selon les régions qui ont des explications historiques plus que biogéographiques. Pour en savoir plus, voir l'article déforestation.

Étymologie

Le mot «forêt» a une origine mal connue.

Il proviendrait soit du francique forh-ist, terme juridique datant de l'époque carolingienne (751987), soit du latin foris qui veut dire «en dehors», signifiant pour certains tout milieu extérieur à la civilisation, lieu sauvage et peu accueillant ou plus certainement, il s'agit de désigner un extérieur au sens juridique : la réserve seigneuriale, conçue pour la chasse.

Sous Charlemagne (747814) l'expression silva forestis issue du latin classique forum («forum» puis «tribunal») indiquait que la «forêt royale» relevait de l'autorité et de la justice du roi. Au Moyen Âge (Ve-XVe siècle), ce terme s'appliquait aux chasses seigneuriales ; son sens avait évolué il signifiait alors «forêt hors de l'enclos», issu du latin foris («hors de»), zone dans laquelle il est défendu de défricher et la chasse est gardée. Le terme foresta, utilisé seul, sert à désigner les forêts à partir de la seconde moitié du XIIe siècle en France.

Les Romains appelaient la forêt silva, mais Virgile et Cicéron la nomment nemus («bois» en latin, qui proviendrait de nemo signifiant «personne»). Ce mot figure fréquemment dans les chartes capétiennes pour désigner des petites zones boisées. Salluste utilisait le terme saltuosus pour désigner un espace boisé. À l'époque romaine les saltuarii ou les silvarum custodes administraient les forêts. Aux époques mérovingienne (481751) et carolingienne (751987), le mot saltus sert à désigner souvent les zones de bois et landes, plutôt semble-t-il lorsqu'elle s appartenaient au fisc royal. Les mots nemus et saltus n'ont pas survécu en français.

Le terme «bois» apparaît à l'époque capétienne, issu d'une racine pré-latine qui a donné le bosc («buisson») germanique. Contrairement au mot forêt, il est sans connotation juridique.

Le mot gaulois broglios dérive de broga («champ»), devenant broglius désignant au IXe siècle un bois humide, clos ou entouré d'une haie. Il a donné le «breuil» du dictionnaire de l'Académie française et des toponymes tels que Breuil ou le Breuil par exemple.

Les grands types de forêts

Hors zone tropicale, les forêts humides inondées sont devenues rares (ici à la confluence de la «Tubby Creek» et de la «Wolf River» (Holly Springs National Forest, près d'Ashland, Mississippi, USA).

Classement biogéographique

Les forêts naturelles sont comme l'ensemble des formations végétales conditionnées par un certain nombre de facteurs : la latitude, l'altitude, la nature du sol, le climat, l'action des animaux, etc...

La latitude influence fortement la biodiversité dans les forêts. Celle-ci augmente d'autant plus qu'on s'éloigne des pôles et qu'on se rapproche de l'équateur.

Selon les latitudes on distingue :

Dans énormément de pays, où l'homme est implanté depuis des siècles, ou alors des millénaires, la forêt a perdu son caractère «naturel» à proprement parler. Les faciès actuels des forêts du Nord Ouest de l'Europe par exemple résultent en grande partie par l'influence de l'homme en terme :

Classement paysager

Classement patrimonial et écologique

La forêt joue fréquemment un rôle majeur de protection des habitations, des cultures et des zones d'alimentation de nappes, contre les avalanches, l'érosion, les glissements de terrain, les coulées de boues. Les forêts de protection méritent une gestion adaptée, sans coupes rases par exemple.
Sur les fortes pentes la forêt protège les sols de l'érosion. Noter les taches homogènes et monospécifiques de sylviculture, qui encouragent les coupes rases, sur le fond de la forêt feuillue plus hétérogène.

Grâce aux approches phytosociologiques et écologiques, aux forêts modèles canadiennes, des outils d'évaluation qualitative se forment depuis la fin du XXe siècle. Ils fluctuent selon le contexte géographique ou social (ville, campagne, milieux plus naturels…). Ils permettent de mieux prendre en compte la taille, la qualité et l'intégrité des habitats forestiers dans les plans de gestion, les écolabels forestiers, et quelquefois dans les lois (directive Habitats en Europe par exemple).

Les critères retenus sont par exemple :

A titre d'exemple, au Canada, un dispositif d'évaluation qualitative des forêts accorde
  • trois points aux boisements de plus de 4 ha en ville et de plus de 200 ha ailleurs (sauf îles).
  • deux points aux surfaces de 2 à 4 ha en ville, ainsi qu'à celles qui couvrent de 20 à 200 ha ailleurs (sauf îles).
  • un point aux bois de moins de 1 ha en ville et de moins de 20 ha ailleurs ;
Dans le dispositif précédent de classement ;
  • trois points aux boisements dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 200 m de toute lisière ou bord de route.
  • deux points aux boisement dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 150 m de toute lisière ou bord de route.
  • un point aux boisement dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 100 m de toute lisière ou bord de route;
  • trois points si la distance au boisement le plus proche est de moins de 100 m.
  • deux points si la distance au boisement le plus proche est comprise entre 100 et 250 m.
  • un point si la distance au boisement le plus proche est de plus de 250 m ; (critère aussi retenu par la ville de Londres)
  • un point si le boisement est à plus de 50 m de la berge d'un cour d'eau ou d'une étendue d'eau,
  • deux points si la distance est comprise entre 30 et 50 m
  • trois points si l'eau est à moins de 30 m de la lisière boisée ou si elles est dans le boisement même.
  • La distance à une zone humide de type tourbière à sphaignes ou roselière vaut de même ;
Au-dessus de 30 % de pente, la forêt est seule garante de la protection du sol.
De 15 à 30 % elle joue aussi une fonction de protection particulièrement importante (voir illustration ci-contre)  ;

Classement juridique

Il existe des classements des forêts, avec par exemple en France ;

En Allemagne, ce sont :

Au Canada, le classement des forêt se fait grâce à la nature de l'écodispositifs forestiers déterminé par le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune qui protègent différents milieux forestiers. Ces territoires sont protégés en vertu de la loi sur les forêts[3]. Il y a 3 types d'écodispositifs forestiers exceptionnels : Les forêts anciennes (77 sites, 191 km2) [4], les forêts rares (30 sites, 26 km2) [5] et les forêts refuges (16 sites, 13 km2) [6].

Protections et conservation de la nature

Les habitats forestiers comptent parmi les habitats les mieux représentés dans les parcs nationaux, régionaux et les 25 000 sites Natura 2000 (couvrant fin 2009 à peu près 17 % du territoire européen et constituant le premier réseau d'aires protégées au monde), mais la commission européenne reconnait que Natura 2000 préserve à ce jour en particulier des espèces remarquables et pas suffisament de réseaux de corridors biologiques boisés ni la biodiversité dite ordinaire, dont dépend la majeure partie des services «gratuitement» rendus par les écodispositifs. De 40 % à 70 % des espèces d'oiseaux et de 50 % à 85 % des habitats dans lesquels se déploient la faune et la flore européennes se trouvent ainsi dans "une situation de conservation critique"[7]. Diverses espèces forestières, invertébrés du bois-mort surtout sont en péril, et font localement l'objet de plans de restauration ou de réintroduction (dont dans le cadre du Grenelle de l'environnement en France).

Gestion et exploitation des forêts

Coupe de bois dans une exploitation forestière
Dans les pays riches, la mécanisation permet actuellement à une seule personne de remplacer plusieurs dizaines de bûcherons et débardeurs de jadis. Le travail manuel, facilité par la tronçonneuse, est toujours essentiel en zone tropicale. Le métier de bûcheron reste l'un des plus dangereux.
La mécanisation a encouragé la fragmentation écologique des forêts par les routes

La forêt était jadis exploitée pour le bois, le charbon de bois, la cueillette, le pâturage et la chasse. Le bois était le plus souvent débardé avec chevaux, de bœufs, buffles ou d'éléphants en Asie. En Europe centrale, sur les pentes, il était quelquefois descendu coupé sur des traîneaux (schlitte). Le plus fréquemment, ce sont les torrents et cours d'eau qui transportaient les troncs jusqu'aux fleuves en radeaux ou par simple flottage. Jadis, les troncs étaient coupés par les bûcherons, puis débités par des scieurs de long, avant d'être portés à dos d'homme ou par des chevaux jusqu'aux chemins. Aux époques récentes, ce sont des scieries actionnées par la force de l'eau qui ont permis la coupe de planches dans la forêt ou à proximité, avant que les camions ne transportent les arbres jusqu'à des scieries plus éloignées à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Généralement le nombre de bûcherons et de scieurs n'a jamais cessé de se diminuer à cause de la mécanisation.

La sylviculture moderne vise à maintenir ou augmenter le potentiel de production d'une forêt, tout en conservant un équilibre sylvo-cynégétique lorsque le gibier est une ressource économique majeure et que les animaux sont nombreux (En France, il est habituel que 50 % au moins du revenu d'un propriétaire forestier vienne des produits de la chasse au grand gibier).

La régénération forestière, c'est-à-dire la reproduction des arbres se fait selon deux approches :

On parle de régénération naturelle lorsque le forestier sélectionne et conserve des arbres «semenciers» lors des coupes, pour que les graines présentes dans le sol et tombées des semenciers puissent germer et régénérer la forêt. C'est une solution efficace et peu coûteuse quand les essences présentes sont bien adaptées au contexte biogéographique et que les herbivores ne sont pas trop nombreux. Pour certaines essences (Chêne par ex), dont les fructification ne sont pas régulières, les délais de régénération peuvent être allongés. Il y a régénération naturelle et continue avec les approches de type Prosilva, promouvant la gestion pied à pied ou en bouquets, sans coupe rase.

La régénération artificielle correspond à la situation où des plants proviennent de semis élevés en pépinière, ou de drageonnages extérieurs à la parcelle, à partir de graines ou arbres choisis (provenance certifiée), au risque de perte de résilience et de biodiversité, ou alors d'introduction de pathogènes non présents dans la forêt. C'est un mode de régénération adapté à la mécanisation de la gestion forestière, qui a été fortement développé au XXe siècle dans les pays du nord, mais également en Australie et dans certaines forêts tropicales. Les bénéfices à long terme de cette méthode sont discutés, surtout pour d'éventuelles conséquences sanitaires, paysagères et environnementales sur la forêt.

Les méthodes d'exploitation respectant les traditions en forêts tempérées sont les suivantes :

Selon le traitement utilisé, et selon les essences, le temps de «révolution», c'est-à-dire le délai écoulé entre le semis et la coupe, est variable mais le plus souvent long, de 60 à 100 ans pour les résineux (le sapin grandis peut être coupé à partir de 40 ans), de 150 ans et plus pour les feuillus (80-100 ans pour le chêne rouge d'Amérique). La sylviculture est une affaire de plusieurs générations ; seule la populiculture (peupliers) avec une durée de révolution d'environ 20 ans se rapproche de l'agriculture.

Une particulièrement petite part des forêts non primaires ne sont pas gérées pour la production de bois (ex : réserves naturelles, réserve biologique intégrale, Parcs nationaux, forêts de protection, forêts urbaines, ou font l'objet d'une gestion restauratoire à fin de protection de la ressource en eau ou des sols). L'écologue japonais Akira Miyawaki a été pionnier en matière de Forêt de protection restaurée à partir d'essences locales.

Fonctions reconnues de la forêt

La forêt remplit trois fonctions principales : écologique, économique et sociale.

Fonction écologique

La ripisylve d'une forêt équilibrée et non fragmentée protège l'eau, l'air et le sol. Les castors peuvent contribuer à entretenir des linéaires de berges plus ensoleillés.
La forêt abrite une grande part de la biodiversité des continents, participe au contrôle naturel du climat et des micro-climats.
cf. forêt des Landes en France ou la ceinture verte du sud algérien.
cf. les plantations faites en Amazonie qualifiées de «puits de carbone».

Forêt et oxygène

Une métaphore qualifie fréquemment la forêt de «poumon de la planète». En dépit des fonctions nombreuses et principale ou alors «vitales» qu'elle remplit, la forêt ne peut être directement comparée à un poumon (le poumon ne produit pas d'oxygène et c'est le plancton qui produit la majeure partie de l'oxygène planétaire disponible dans l'air et solubilisé dans l'eau). Néanmoins, la forêt a des fonctions principales micro- et macro-climatique et pour la qualité de l'atmosphère, en termes d'équilibre thermo-hygrométrique et de pureté de l'air surtout. D'un certain point de vue, légèrement à la manière du poumon, mais à une autre échelle, elle est une sorte d'écotone complexe et fonctionnel entre l'atmosphère et le sol, lié au cycle du carbone surtout, ainsi qu'à l'ensemble des cycles biogéochimiques importants.

Forêts et puits de carbone

Le bilan en carbone d'un écodispositif forestier est particulièrement complexe à estimer, et il fluctue énormément selon les zones biogéographiques, les époques, l'histoire du site, le stade de croissance de la forêt, les risques d'incendie, de sécheresse et d'inondation, et de nombreux autres facteurs tels que l'action d'insectes défoliateurs ou d'autres parasites des arbres. Évidemment, le devenir des arbres est un autre facteur à considérer : bois de chauffage, papier-cellulose, bois d'œuvre, ou bois mort auront des impacts particulièrement différents en termes d'émission de dioxyde de carbone.

De plus, certaines forêts peuvent, au moins provisoirement avoir un bilan nul (forêt tropicale mature) ou négatif (en zone d'incendies récurrents, ou en début de phase de croissance), tout en contribuant indirectement à enrichir les cours d'eau en nutriments (phosphore, potassium, calcium, fer, etc. et par les phénomènes d'acidification, humification, décolmatation et minéralisation et structuration des sols) en offrant ainsi une source constante de nutriments pour le plancton marin en aval, plancton qui produit 80 % de l'oxygène que nous respirons et qui forme un important puits de carbone.

En théorie, la photosynthèse consomme du dioxyde de carbone et produit du dioxygène et de la matière organique. De l'oxygène est consommé lors de la respiration des plantes elles-mêmes, des animaux de la forêt et de la biomasse cachée du sol forestier, mais aussi par les incendies naturels et moindrement par l'oxydation naturelle des éléments chimiques rendus disponibles par le processus de formation des sols.

En phase de croissance, après une dizaine d'années de bilan négatif s'il s'agit d'une régénération à partir d'un sol nu, la biomasse augmente régulièrement, essentiellement sous forme de cellulose et de lignine. Elle stocke aussi du carbone sous forme de nécromasse et de biomasse animale, microbienne et fongique. En zone tropicale, la majorité des forêts poussent sur des sols pauvres et acides où l'humus ne se forme pas et où la nécromasse est rapidement recyclée ou minéralisée. La forêt tropicale en croissance stocke du carbone, mais elle finit (après plusieurs siècles, ou alors plus de 1000 ans) par arriver à un équilibre entre production primaire et décomposition du bois mort. À ce stade la forêt semble produire tout autant d'oxygène que ce qu'elle consomme. De plus, les émissions de méthane liées à la fermentation de bois immergés ou issus de l'activité des termites complexifient toujours les calculs des émissions de gaz à effet de serre. En zone tempérée ou froide, il en va autrement avec respectivement les sols forestiers (incluant les tourbières associées à certaines forêts) et les pergélisols qui, en zone circumpolaire, peuvent stocker des quantités énormes de carbone (sous forme d'hydrate de méthane).

Enfin, le devenir et la durée de vie du méthane émis par les écodispositifs forestiers ne sont pas encore bien compris. Il pourrait avoir été surestimé ou sous-estimé.

Fonction économique

Économie forestière

La forêt est source de richesse, quelquefois surexploitée.

Le bois compte pour une part importante du PIB d'une dizaine de pays tropicaux ou nordiques. L'emploi forestier (hors industrie de transformation et emplois informels) payait toujours près de 10 millions de personnes en 2005 [8], mais ;

  1. l'emploi forestier décline régulièrement assez au tonnage extrait des forêts qui lui n'a jamais cessé d'augmenter, et ce depuis l'invention de la tronçonneuse. Il diminue en moyenne de 1% par an dans le monde (-10 % de 1990 à 2000), en particulier en Asie et en Europe, tandis qu'il augmentait un peu ailleurs. La FAO impute ce déclin à l'augmentations de productivité du secteur, et -pour l'Europe de l'Est - à la restructuration des économies planifiées [9].
  2. Le prix moyen du bois brut diminue : L'augmentation moyenne des prix payés (grumes ou bois sur pied) était de 11 à 15 % dans les années 2000-2005 (source FAO, FRA 2005), mais est toujours resté inférieur à l'inflation ; il y a par conséquent baisse du prix moyen (surtout pour le bois tropical) au niveau mondial, ce qui n'exclut pas en aval et pour le consommateur de fortes hausses du bois-énergie à l'endroit où il devient rare ou après les "chocs pétroliers" et des bois écocertifiés ou écosociocertifiés pour lesquels l'offre reste particulièrement supérieure à la demande, pour le FSC surtout.
  3. Le secteur informel reste particulièrement mal connu. Via la vente de gibier surtout, il est important.
  4. Une partie importante des prélèvements et bénéfices est illégale, menaçant des essences et des espèces théoriquement protégées et/ou menacées. Les populations autochtones pâtissent de la corruption et des pressions des exploitants. 10 à 15 milliards d'euros par an seraient ainsi blanchis dans le monde, dont près 3 milliards € dans l'UE, provenant de six régions où la production de bois est un enjeu important. Vingt Etats membres de l'UE sont en 2006 toujours suspectés d'importer du bois illégal (Finlande, Suède et Royaume-Uni en tête). [10]. Le «réseau TRAFFIC[11]» du WWF et de l'UICN sur le Commerce Mondial des Espèces Sauvages estime que le commerce légal et illégal d'espèces atteindrait 15 milliards d'euros de chiffre d'affaire annuel (juste derrière le trafic d'armes et de la drogue). Une étude[12] du gouvernement britannique a estimé que l'interdiction du bois illégal en Europe est envisageable et crédible, avec les outils existants et des contrôles efficaces, au profit des filières légales et durables actuellement confrontées à une concurrence déloyale. Des dizaines d'ONG dont Greenpeace et WWF depuis une vingtaine d'années dénoncent le bois illégal et promeuvent des écocertifications crédibles et transparentes, telles que décrites par le groupe d'ONG FERN, dans une évaluation[13] publiée en 2001.
  5. De nouvelles fonctions émergent : sociales, agrosylvicoles, touristiques, pédagogiques, scientifiques et de protection environnementale (en 2005, 11 % des forêts du monde sont déclarées par les États «affectées à la conservation de la diversité biologique» ; ce taux est en augmentation, mais ne correspond pas forcément à une réalité de terrain[14]). La fonction de puits de carbone semble devoir prendre de l'importance. L'importance économique de ces nouvelles fonctions est mal évaluée, mais pourrait localement rapporter plus que l'exploitation du bois.

La filière bois

Article détaillé : Filière bois.

La filière bois en France représente 425 000 emplois[15]. La forêt forme un enjeu d'avenir pour la France par son potentiel économique et social. Elle rend de nombreux services à la société. En plus de ses fonctions écologiques et sociales, elle apporte du bois et des emplois. À titre de comparaison, le secteur de l'automobile emploie 285 000 personnes en France.

Ces 425 000 personnes sont employées dans l'exploitation forestière, les scieries, le travail mécanique du bois (meubles, papiers, cartons... ), sa mise en œuvre (charpente, menuiserie, agencement), les organismes de la forêt privée et l'Office national des forêts.

Le chiffre d'affaires de la filière bois française est de 60 milliards d'euros par an.

Produits forestiers

Production de bois
Produits forestiers non ligneux (PFNL)

Selon la FAO les PFNL sont des produits d'origine biologique, autres que le bois, dérivés des forêts, d'autres terres boisées et d'arbres hors forêts.

Les PFNL peuvent être récoltés dans la nature ou produits dans des plantations forestières ou des périmètres d'agroforesterie, ou par des arbres hors forêt.

Les PFNL comprennent des produits utilisés comme nourriture et additif alimentaire (noix comestibles, champignons, fruits, herbes, épices et condiments, plantes aromatiques, viande de gibier), des fibres (utilisées dans la construction, les meubles, l'habillement ou les ustensiles), des résines, gommes et produits végétaux et animaux utilisés dans des buts médicinaux, cosmétiques ou culturels[16].

Voici quelques exemples de PFNL :

Marché des forêts et investissement forestier

Sur les 200 000 ha de forêt qui changent de main chaque année en France, la moitié fait l'objet d'une donation ou d'une succession, l'autre d'une transaction. La forêt est par conséquent un produit qui s'achète et se vend. Comment expliquer cet intérêt pour la forêt tandis qu'on entend fréquemment dire que le marché du bois est en baisse ou que des produits financiers d'aujourd'hui égalent les performances financières et fiscales de l'investissement forestier. De plus, les différentes réformes ont complexifié les charges fiscales qui pèsent sur les investisseurs. Selon les pays, taxes et charges sont plus ou moins légales ; qui plus est les faibles contrôles autorisent certains d'éviter ces prélèvements. [17] Quelles sont les raisons qui motivent les acheteurs de forêts ? Quelles sont les caractéristiques de l'investissement forestier comparé aux autres placements ? [18]

Les caractéristiques financières de l'investissement forestier

Trois caractéristiques majeures permettent de singulariser l'investissement forestier. Elles sont liées à la nature de la forêt :

Stabilité de la valeur de la forêt

La faible corrélation de l'investissement forestier comparé aux autres actifs et sa valorisation spécifique garantissent à la forêt une valeur stable à long terme. Les fortes oscillations de la Bourse ou du marché de l'immobilier s'expliquent en partie par les corrélations qui existent entre ces marchés, les tendances de l'un se répercutant plus ou moins directement sur l'autre. L'investisseur en forêt recherche à diversifier son portefeuille avec des actifs dont les rendements sont non corrélés avec les marchés financiers. Parfaitement, il cherche des actifs à fort rendement suivant des cycles différents (contra-cyclique).

L'investisseur, qui raisonne à long terme, 20, 50 ou 100 ans, se soucie peu de la volatilité ou du rendement de son actif. Ce qu'il souhaite c'est survivre à une catastrophe économique majeure. Pour se protéger, l'investisseur alloue une partie de son potentiel dans des placements desquels il attend un bon comportement ou un maintien de la valeur durant les désastres économiques. L'idée est de vendre les actifs de sauvegarde pour éviter de vendre le cœur du portefeuille lorsque le cours est particulièrement bas. La forêt correspond à ces placements déconnectés des marchés financiers et ayant une valeur «matérielle», comme l'immobilier ou d'autres matières premières.

Valeur de rendement

La première source de revenus, la vente du bois, assure ce rendement, puisque la valeur d'un arbre et d'une forêt augmente du seul fait de sa croissance biologique. Approximativement 65 % des rendements générés par la forêt proviennent de cette croissance, indépendante des fluctuations des marchés financiers. L'expérience des gestionnaires forestiers sert à conclure qu'une rentabilité moyenne de 2 à 3 % est particulièrement classique. Certains massifs ont des rentabilités bien supérieures, jusqu'à 8 % sur les meilleurs sols. La forêt est l'unique gisement de matière première qui croît naturellement. Il lui suffit d'avoir de l'eau, du soleil et du temps. Ce caractère particulièrement spécifique garantit au propriétaire un revenu même en cas de non - gestion. On perfectionne ce dernier par une sylviculture «dynamique» tout en veillant au caractère durable de cette gestion.

Capacité de stockage

Il faut faire la différence entre la production réelle de la forêt et les prélèvements effectués. La distinction entre capital et revenu est particulièrement délicate. On assimile les arbres à du capital du fait de leur immobilisation sur une très longue durée tandis qu'en fait, ils représentent l'accumulation de nombreuses années de revenus non mobilisés. D'autre part, les prix des ressources forestières, dépendant de l'industrie de la construction et du papier, sont sujets aux cycles économiques, les gérants peuvent atténuer l'effet de cycle en retardant la collecte du bois, en attendant que la conjoncture économique se perfectionne.

Les avantages fiscaux de l'investissement forestier pour le particulier

L'avantage de l'investissement en forêt pour un particulier réside aussi dans sa fiscalité. Le capital et les revenus bénéficient de dispositions fiscales attrayantes. D'autres dispositions fiscales existent mais elles sont plus anecdotiques. Les privilèges fiscaux accordés aux propriétaires forestiers sont particulièrement importants mais particulièrement légitimes et on peut noter leur pérennité quel que soit le régime politique. Le législateur trop conscient du potentiel forestier de la France sur le marché du bois et du rôle environnemental de la forêt encourage les propriétaires forestiers à la gérer.

Les avantages de la fiscalité sur le revenu

L'impôt sur le revenu de la forêt est un impôt forfaitaire, il est payé chaque année et généralement particulièrement faible. Les coupes de bois sont par conséquent exonérées de l'imposition au réel. Cette fiscalité est particulièrement avantageuse pour les personnes physiques localisées dans les tranches supérieures de l'impôt sur le revenu dans la mesure où elle permet d'avoir des revenus presque complètement défiscalisés.

Les autres revenus éventuels (revenus fonciers, droits de chasse... ) sont imposés selon le droit commun.

Les avantages de la fiscalité sur le capital

Pour le calcul de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit (donation-succession), il y a une exonération des trois quarts de la valeur de la forêt en contrepartie d'un engagement trentenaire de bonne gestion. Ces dispositions permettent de diminuer l'assiette d'imposition des trois quarts de la valeur.

Dans le cadre des mutations à titre gratuit, il n'y a pas de limites dans le montant, ni dans la durée de détention du bien. C'est un placement à regarder de très près pour les personnes souhaitant transmettre un capital à une personne qui n'est pas de filiation directe.

Les risques et les parades

L'investissement forestier n'est cependant pas à l'abri des risques. Il est exposé à des risques plus diversifiés que les actifs respectant les traditions et que d'autres matières premières fortement liées aux cycles macro-économiques. On peut cependant limiter ces risques en respectant certaines règles au moment du choix de l'investissement et ensuite dans le choix et le suivi du gestionnaire.

Choix dans l'investissement

Les cours du marché du bois peuvent varier de manière importante tandis que ceux-ci conditionnent les recettes. Il est vrai qu'à moyen et long termes, les cours du bois sont stables et suivent l'inflation. Il est recommandé d'investir dans des forêts hétérogènes en structure, en essences et au niveau de l'age des peuplements. Les arbres sont sujets à des risques physiques et biologiques tels que le feu, le climat ou les maladies. Encore une fois, un investissement forestier correctement diversifié en essences, structures et si envisageable géographiquement, sert à diminuer les risques physiques. Il faut aussi s'assurer auprès d'un expert forestier que les essences en présence sont adaptées aux stations forestières.

Choix du gestionnaire et répartition dans le portefeuille financier

Le choix du gestionnaire est essentiel, c'est lui qui conditionne la rentabilité et la pérennité de l'investissement. C'est lui qui décide de transformer le capital en revenu en faisant réaliser une coupe, et c'est lui qui préserve les revenus à long terme en assurant la régénération. Un point essentiel est de pouvoir contrôler les revenus à court terme : la meilleure façon est de s'assurer que les lois du marché (mise en concurrence de plusieurs acheteurs) sont respectées et que le gestionnaire garde un rôle d'arbitre.

Enfin, le marché de l'immobilier est peu liquide, l'investisseur ne peut pas réellement se défaire de son bien rapidement, ceci est vrai pour la forêt comme pour l'immobilier classique. La forêt doit rester un placement de diversification dans le portefeuille financier. Les gestionnaires de patrimoine recommandent d'investir 10 % des actifs dans ce type de produits (forêts, vignes…). Un particulier qui souhaiterait avoir une part plus importante en forêt dans son portefeuille, doit s'assurer de bien répartir les risques d'un tel placement.

L'intégration des forêts dans un portefeuille financier est un moyen de se diversifier et de perfectionner sa situation fiscale. C'est en particulier investir dans une matière première d'avenir : l'augmentation de la population mondiale et de ses besoins, la raréfaction des forêts, la situation déficitaire de l'Europe dans ses approvisionnements en bois, laissent penser que le bois, mais aussi l'ensemble des matières premières, seront les nouveaux gisements de richesse de demain. La dimension affective de la forêt est un élément subjectif qui ne doit pas «polluer» le raisonnement du gestionnaire de patrimoine mais, fréquemment, c'est cet élément qui reste la première de l'ensemble des motivations.

Fonctions sociales, symboliques et culturelles

Une forêt accueillante

Chemin forestier au printemps.

Les forêts françaises sont des lieux privilégiés de loisirs, de détente, de tourisme, de découverte de la faune et de la flore et des paysages. Chaque année, les forêts françaises reçoivent des centaines de millions de visites. La forêt rend de nombreux services à la société, de nature écologique et sociale. Elle est , par exemple à la fois un lieu de détente sûr et un lieu de protection des espèces. Ces fonctions, qui semblent aller de soi, nécessitent en fait l'intervention des forestiers (ouverture, sécurisation des chemins, nettoyage... ). Le promeneur en forêt ne doit pas oublier que toute forêt a un propriétaire, privé ou public. Lorsque on se promène en forêt, on se promène par conséquent chez quelqu'un ! Le promeneur doit en tenir compte et respecter ces lieux. L'accueil du public est la règle en forêt publique mais également en forêt privée. Près de neuf propriétaires français sur dix laissent l'accès libre à leurs bois [19].

La forêt patrimoniale et bien commun

La forêt des mythes, des légendes et de l'apprentissage.

Il y a 8 000 ans à peu près qu'avec l'aide du feu, nos ancêtres ont commencé à déforester l'hémisphère nord (en commençant par la Chine) néenmoins la forêt est restée présente dans de nombreux contes, mythes et légendes, dans presque l'ensemble des civilisations.

La valeur spirituelle et culturelle de la forêt réelle ou mythique n'est pas contestée. Le nom de Brocéliande en évoque toujours les druides et la magie. Nemeton était le mot celte qui signifiait à la fois sanctuaire, et forêt. Bien après qu'on eut oublié la forêt de Dodone des Grecs, on continue de comparer les piliers des cathédrales gothiques aux troncs d'une forêt dont les branches seraient les arcs qui soutiennent la voute. Au siècle dernier, de nombreux bûcherons allemands murmuraient une petite prière d'excuse à l'arbre qu'ils allaient couper. En Inde, les sannyâsa se retirent et se recueillent en forêt, comme le faisaient certains ermites européens. En Chine, les sommets boisés abritaient presque toujours un temple. Au Japon, la forêt que reflètent ou symbolisent en miniature certains jardins est sacrée, comme l'indique le Torii qui marque quelquefois son entrée, comme celle d'un temple. L'arbre de vie est omniprésent dans les mythes fondateurs des pays forestiers, mais également des pays déforestés, avec un arbre de la connaissance à connotation ambiguë dans la bible.

La forêt est fréquemment symboliquement interprétée comme reliant ciel et terre, par les branches, les troncs et ses racines.

La forêt est aussi le domaine de l'Homme sauvage, présent dans de nombreux mythes d'Europe de l'Ouest ou d'Asie ; l'homme sauvage qui est comme l'arbre présent dans l'héraldique européenne La forêt fait aussi peur ; lieu de Nature où on se perd, lieu où on perd les enfants, où on rencontre le loup, où des dieux, les esprits et les animaux sauvages vivent, où la nuit se fait plus noire, dernier refuge des loups et des ours pourchassés. C'est le lieu où les hors-la-loi, bons (Robin des Bois) ou méchants, se cachaient, quoique les forêts soient quelquefois exclusivement réservées aux chasses royales.

En Europe, à partir du siècle des lumières et du modèle royal français, on s'est employé à les humaniser, à les nommer ainsi qu'à les fragmenter pour mieux les maîtriser en les quadrillant d'allées et de layons, puis on les a plantées et «rationnellement» gérées.

C'est localement un lieu de mémoire avec les forêts royales, la forêt de guerre.

C'est enfin et en particulier le lieu de vie des peuples de la forêt, amérindiens, africains, et d'Asie du sud-est surtout, à l'endroit où ils ont survécu. Lieu séculaire de l'initiation, refuge des esprits, lieu de vie et d'aventure pour de nombreux peuples... lieu aménitaire de détente et de découverte de la nature pour d'autres, la forêt s'est vu consacrée pour toutes ces fonctions par certaines lois nationales et par l'écosociolabel FSC.

La plupart des populations et des élus se disent particulièrement attachés à l'idée de protection d'arbres remarquables, de la forêt et/ou de forêt qui protège, pour des raisons énormément plus larges que pour les services qu'elle rend comme espace de détente et de loisirs ou comme lieu de cueillette familiale de fruits et champignons.

Partout dans le monde, on repère ou classe des arbres parce que vénérables et remarquables ou pour leur intérêt paysager ou écologique ou de protection. Il devient délicat de gérer les forêts seulement pour la coupe du bois. Pour les artistes et les touristes, comme pour les scientifiques et les industriels, elles recèlent des trésors qu'il convient de léguer aux générations futures.

Un quart de la France vit à l'ombre des arbres. Certains sont millénaires et ont connu la Gaule chevelue, les cultes anciens. Citadins et ruraux souhaitent la conservation d'un nombre significatif de vieux arbres. La première réserve de la forêt de Fontainebleau a été demandée par des artistes, et non par des forestiers.

Forêt : habitat de l'Homme, nourricière et cynégétique

La forêt européenne est aussi depuis longtemps aménagée et gérée pour la chasse qui y a attiré les rois et les manants. Au XXe siècle en Europe de l'Ouest , l'agrainage en a quelquefois fait un lieu d'élevage extensif de cerfs, chevreuils et sangliers (campagnols et autres rongeurs profitant des restes), en menaçant les équilibres sylvocynégétiques (Les Particulièrement Riches Heures du duc de Berry)

.

Plus de 500 millions d'humains vivent en forêt ou à ses abords et en dépendent directement. Même lorsqu'elle n'est plus habitée, elle reste un lieu respectant les traditions de cueillette et de chasse (aux grands animaux en particulier, qui ont disparu ou régressé dans les plaines cultivées et habitées). Pour à peu près 150 millions d'autochtones appartenant à des centaines de tribus et peuples autochtones, la biodiversité de la forêt est toujours la source vitale d'eau, de matériaux, de plantes, fruits, animaux et champignons comestibles ou utiles (médicaments, ornements.. ). La «viande de brousse» reste localement la première source de protéine dans de nombreux pays tropicaux, quoiqu'elle soit menacée par l'augmentation de la pression de chasse, des armes de plus en plus performantes, et des moyens de transports tels que le quad.

Dans les pays riches et tempérés, la chasse reste aussi importante, les revenus cynégétiques approchent ou dépassent fréquemment 50 % du revenu forestier global dans des pays tels que la France.

La chasse est un revenu complémentaire énorme du forestier qui atteint, par exemple, fréquemment 50 % des revenus des grandes forêts publiques de France où en 2006, les baux de chasse ont rapporté 41, 1 millions d'€ à l'ONF (soit 2, 4 millions qui plus est que l'année précédente), tandis que le bois a rapporté 199, 6 millions d'€ (soit 15 % qui plus est qu'en 2005). [20]

Mais le «grand gibier» lorsqu'il est trop abondant, surtout suite à un agrainage important ainsi qu'à la disparition de ses prédateurs naturels, peut provoquer des dégâts assez importants pour freiner ou bloquer la régénération forestière.

Une vraie gestion cynégétique demanderait aussi de prendre en compte les problèmes sanitaires (peste porcine, CWD, maladies véhiculées par les tiques, apparition du SIDA ou de virus hémorragiques, type Ebola, etc. ), surtout en l'absence de prédateurs.

Plus localement, des problèmes nouveaux sont posés avec la contamination du gibier (sanglier surtout) par des toxiques issus de séquelles de guerre ou retombés avec les pluies qui ont lessivé le nuage de Tchernobyl. Les forêts tropicales produisent la majeure partie de la viande de brousse, avec des pressions de chasses qui ont raréfié ou fait disparaître le gibier sur de vastes zones.

La question de la pollution par le plomb de chasse, liée à la toxicité des munitions (grenaille et balles) s'y pose moins que dans les zones humides, mais elle semble pouvoir avoir été sous-estimée.

Forêt et santé

Très tôt, certains arbres ont été connus assainir l'air (sapin, épicéa, pin sylvestre, eucalyptus plantés autour des hôpitaux et des lieux de cure), ou au contraire, plus rarement le corrompre (ne pas dormir sous un noyer). La marche en forêt était recommandée, et des parcours-santé y sont toujours souvent installés, de même que dans les parcs urbains boisés.

Les forêts jouent un rôle majeur en matière d'épuration physique et physicochimique, et certainement biologique de l'air et de l'eau. Les produits de la forêt et l'ensemble des parties des arbres ont été utilisés pour produire des médicaments et de nombreuses médecines respectant les traditions. Une sylvothérapie et des cures sylvatiques ont été développée dans certains pays au 19e et début du XXe siècle pour faire profiter certains malades (tuberculeux surtout) de l'air forestier enrichi en oxygène (trois fois plus d'oxygène produit par la forêt tempérée qu'en prairie[21]), en Ozone (surtout en bord de mer et dans les forêts de résineux) et en phytoncides (molécules connues bactéricides et fongicides, dont terpènes) et de la pureté de l'air. On a récemment montré que l'activité biochimique est bien plus développée dans la canopée que dans la strate herbacée.

Après Pasteur, diverses mesures citées par G. Plaisance ont comparé différents airs et montré que l'air forestier contenait moins de microbes que l'air urbain (50 microbes par m³ d'air, contre 1 000 dans le parc Montsouris de paris, 88 000 sur les Champs-Élysées, 575 000 sur les grands boulevards et 4 000 000 dans les grands magasins à Paris selon Georges Plaissance[22])

Valeur économique de la forêt

Au-delà de la simple valeur du bois, certains économpiques tentent d'intégrer les valeurs aménitaires et de la biodiversité forestières. Ainsi en France, dans le cadre des travaux de l'ONU visant à donner une valeur économique à la biodiversité, le Conseil d'analyse stratégique (CAS) a-t-il le 29 avril 2009 communiqué les résultats de ses premières évaluations, estimant à 970 euros/hectare/an en moyenne la valeur d'un boisement intégrant celle des produits de cueillette et de puits ou stockage du carbone, aménités, etc. "

Ennemis de la forêt

Ennemis «naturels»

Le forestier craint en particulier le feu et des insectes ravageurs tels la chenille processionnaire du pin, celle du chêne, certains xylophages, des bactéries ou des champignons (ex : graphiose de l'orme, maladie de l'encre du châtaignier). Les attaques qui prennent l'apparence d'épidémies et de pullulations suivent le plus souvent un affaiblissement des arbres du à des évènements de type sécheresse, tempête, pollution, drainage, fragmentation, etc. Il semble que dans les milieux extrêmes (polaires, subsahariens), les pullulations fassent partie de cycles naturels et régulateurs, dans des forêts dont le nombre d'essences est réduit, et plus exposées aux chocs climatiques.

La biodiversité forestière peut aussi être menacée par des essences introduites qui peuvent devenir invasive ou poser des problèmes de pollution génétique et/ou d'allélopathie.

Dans l'hémisphère nord, des mammifères rongeurs (ex : mulots, campagnol des champs), les lapins et des espèces-gibier (cerfs, daims, chevreuils, wapitis, etc. ) sont localement reconnus comme "nuisibles" par les forestiers parce qu'ils broutent les jeunes pousses et rongent les écorces. En forêt méditerranéenne, les moutons et en particulier les chèvres sont des ennemis redoutables des arbres.

Chiffres : Selon les chiffres apportés par les états à la FAO ; en 2000-2005, en moyenne, 104 millions d'hectares de forêts ont été chaque année ravagés par des incendies, des insectes et maladies, des sécheresses, tempêtes, grands froids ou inondations. Ce chiffre est sous-estimé car certains pays (africains surtout) n'ont pas réunis ou apporté de statistiques, tandis que l'imagerie satellitaire montre d'importants dégâts par le feu en Afrique.

D'un point de vue historique, l'Homme a eu une relation ambiguë à la forêt et surtout à la forêt primaire, quelquefois protecteur ou n'y développant pas d'impact visible durant des millénaires (en zone tropicale, outre sur certaines îles), et fréquemment destructeur en zone tempérée européenne, asiatique et au Moyen-Orient, depuis plusieurs milliers d'années. La forêt primaire continue à reculer, ainsi qu'à Rio, comme à Johannesburg les élus présents n'ont pas réussi à valider le projet d'une Convention mondiale pour la forêt, qui n'est restée qu'une déclaration d'intention, dont la valeur et la portée juridique sont énormément plus faibles que celles des conventions sur la biodiversité ou sur le climat.

Accidents climatiques

Les périodes de sécheresse, comme 1976, ou de forte canicule (2003) peuvent provoquer le dessèchement des feuilles qui tombent alors prématurément. On peut constater aussi des brûlures de l'écorce exposée au soleil (hêtres).

Les effets peuvent se faire sentir des années après. La sécheresse aggrave le plus fréquemment les effets d'autres agents, tels les incendies ou les insectes ravageurs. Ainsi, en 1976, les incendies accentués par la sécheresse brûlèrent plus de 800 km² en France.

En période hivernale, le gel n'est le plus souvent pas à redouter, sauf les cas extrêmes, comme en 1956 en France ou en 1985, quand 30 000 pins maritimes landais gelèrent. Les gelées tardives, sont , elles, nuisibles pour les jeunes plants. La neige peut être dangereuse dans certaines conditions, quand elle forme des manchons autour des branches, qui finissent par casser sous le poids accumulé.

Les tempêtes, comme celle de décembre 1999 en Europe de l'Ouest , provoquent le déracinement et l'abattage des arbres, qui forment les «chablis» ou leur cassure par le milieu du tronc, laissant en place les «chandeliers» et au sol les «volis». En France, la tempête de 1999 a ainsi abattu 146 millions de m³ de bois.

Action de l'homme

Même dans certains pays riches, une gestion peu respectueuse de la biodiversité est critiquée, surtout pour l'absence de préservation de réseaux de forêts anciennes protégées (ici en Tasmanie).

La déforestation

Le recul des forêts anciennes et la régression du bois mort ont des causes humaines qui n'ont pas attendu l'invention de la tronçonneuse pour s'exercer. Ces bûcherons œuvraient dans la Lower Columbia au Canada, en Oregon, en 1905, mais les forêts chinoises avaient déjà fortement régressé il y a plus de 5000 ans.

La déforestation correspond à une récolte ou une destruction des forêts par l'homme d'une façon où la vocation du territoire forestier est changée. Une forêt devient alors une ville, une route, un champ, un désert... La sylviculture moderne permet la récolte des forêts sans entraîner la déforestation.

Elle est ancienne en Europe, où les grands défrichements datent de l'Antiquité (dans les régions méditerranéennes) et du Moyen Âge, mais continuent pour faire place à certains équipements, autoroute, urbanisation, réservoirs hydro-électriques, aménagements pour les sports d'hiver, etc. À l'heure actuelle, ce sont en particulier les forêts tropicales qui souffrent de ce phénomène de déforestation, soit pour des raisons de développement économique, comme en Amazonie, en Asie du sud-est ou en Sibérie, soit par surexploitation des ressources en bois tropicaux.

En 2006, quoiqu'il n'y ait toujours pas de convention mondiale sur la Forêt (le principal échec de Rio), plus de 100 pays avaient institué un programme forestier national, incluant le plus souvent un volet protection (bien que les programmes portent toujours principalement sur le développement de l'exploitation du bois) et quelquefois un volet conservation (ou restauration) des sols, de l'eau, de la diversité biologique et d'autres richesses et services environnementaux.

Ces programmes lorsqu'il s existent sont peu respectés dans les pays particulièrement pauvres ou ceux subissant des troubles civils ou afflux de réfugiés de pays voisins.

Il resterait en 2006 à peu près 4 milliards d'hectares plus ou moins boisés sur la planète, soit à peu près 30 % des superficies émergées. De 1990 à 2005, 3 % de la forêt a disparu, (- 0, 2 % par an) selon la FAO.

De 2000 à 2005, 57 pays ont signalé un accroissement de leur taux de boisement (mais s'agit fréquemment de plantations industrielles (eucalyptus, peupliers, résineux, palmiers à huile) de peu d'intérêt pour la biodiversité). 83 pays ont reconnu que leur forêt reculait. La perte nette serait de 7, 3 millions d'ha/an (soit 20 000 hectares/jour).

Les 10 pays les plus riches en forêts représentent à eux seuls 80 % des forêts primaires de la terre, dont l'Indonésie, le Mexique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Brésil. Ce sont aussi ceux qui ont subi la déforestation la plus intense et rapide de 2000 à 2005, en dépit de plantations de forêts secondaires commerciales.

L'Asie de l'Est qui avait perdu la majorité de ses forêt a enregistré le principal accroissement suite aux centaines de millions d'arbres plantés en Chine (mais ce sont de jeunes boisements et non des forêts au sens écologique du terme) et ces accroissements ne compensent pas les taux élevés de déforestation d'autres zones. Globalement la déforestation s'est toujours accélérée en Asie du Sud-Est entre 2000 et 2005. C'est cependant en Afrique et en Amérique latine/Caraïbes que la forêt recule le plus ; l'Afrique représente toujours 16 % de la superficie boisée totale, mais elle a perdu plus de 9 % de ses forêts entre 1990 et 2005, pendant que l'Europe et l'Amérique du Nord en important massivement des bois exotiques ont pu accroître leurs superficies forestières dans le même temps. New Scientist a publié une étude sur les 50 pays les plus boisés : 22 présentaient en 2006 une nette reforestation. La situation au Brésil et en Indonésie est préoccupante, alors que la Chine crée la surprise : depuis 2002, on y a replanté une surface équivalente à celle de la Californie.

La déforestation est aussi une cause d'apparition et de diffusion de maladies émergentes.

La pollution

Les polluants liés à l'activité humaine sont nombreux : anhydride sulfureux qui provoque les fameuses «pluies acides» auxquelles fut attribué le dépérissement des forêts constaté en Europe dans les années 1970-80, mais qui devait énormément aussi à la sécheresse ainsi qu'aux pesticides véhiculés par l'air et/ou solubilisés par les pluies, les oxydes d'azote, l'acide fluorhydrique, émis localement par certaines industries surtout dans certaines vallées alpines, les particules émises par la combustion du charbon et des carburants pétroliers, l'ozone... avec aussi en montagne et dans les zones froides le sel de déneigement. D'autre part les mousses et les lichens piègent particulièrement efficacement les particules de l'air, dont ils se nourrissent. Par ce biais, ils fixent aussi les métaux lourds de plus en plus présents dans l'air, mais aussi d'autres polluants (au point d'en mourir quelquefois, ce qui en fait, selon la sensibilité d'espèces de bons bio-indicateurs). Les champignons qui font la richesse du sol forestier se montrent aussi capable de bioconcentrer de nombreux polluants (métaux lourds dont plomb, cadmium et mercure, mais également radionucléides, qui peuvent ensuite être concentrés par la chaîne alimentaire).

La forêt a de tous temps aussi été un lieu privilégié pour la chasse ; Les munitions au plomb (grenaille et balles) y ont été dispersées par de milliers de tonnes chaque année, fréquemment tirées aux mêmes lieux ; près des points d'eau, des berges de fleuves, sur les lieux d'agrainage, sur les layons ou cloisonnements ou à partir de postes de tir aménagés. Les sols forestiers sont fréquemment naturellement un peu acides à particulièrement acides en zones tropicale ou boréales, ce qui favorise la dispersion et biodisponibilité de ce plomb enrichi d'arsenic et d'antimoine, mais aussi du mercure qui a longtemps été utilisé par les amorces.

Dans certains pays, des boues de station d'épuration sont régulièrement dispersées en forêts, quelquefois sous forme de pulvérisation, ce qui peut contribuer à la dispersion de certains contaminants.

Avec les premières expérimentations d'arbres OGM (peupliers principalement, testés par exemple en France et au Canada en milieu non-confinés), certains craignent une pollution génétique en cas de transmission du gène, ou un impact sur la faune et le sol forestier via la toxine BT émise par ces arbres.

Article connexe : pluie acide.

Les séquelles de guerre

De tous temps, les forêts ont été stratégiques du point de vue militaire. Elles sont servi de réserve de bois de marine et charpente, mais en particulier d'abri ou de cible à l'ensemble des armées, maquis et résistances, des millions de réfugiés s'y protégeant toujours actuellement dans les pays en conflits. Quelquefois on les a pillées ou détruites dans le cadre de la stratégie de la «terre brûlée». Au Vietnam et Laos, le défoliant, le Napalm et les munitions à sous-munitions ont laissé des traces toujours persistantes (dioxines, métaux lourds, sols dégradés, mines actives, etc. ). Le bois mitraillé des forêts françaises a perdu de sa valeur technique et financière, mais il peut aussi avoir été pollué par le plomb ou d'autres métaux lourds.

Au XXe siècle, surtout en France dans la zone rouge, de vastes forêts dite «de guerre» ont été artificiellement plantées sur des sites agricoles rendus incultivables par les séquelles de guerre et localement en Allemagne ou en France sur des sites gravement pollués par des accidents liés à la production d'usines d'armement ou d'usine produisant en amont les toxiques chimiques ou les métaux utilisés dans les munitions (plomb, cadmium, zinc, cuivre, mercure, etc. ). Des forêts comme celle de Verdun contiennent toujours des quantités énormes de munitions non explosées, dont certaines chimiques (chargées de «gaz de combats»).

Feux de forêt

Article détaillé : Feu de forêt.
Un feu de forêt dans le Wyoming

Ils sont le plus fréquemment allumés par l'homme, volontairement (pyromanes, bergers... ) ou involontairement (négligence). Le fire-stick farming, fréquemment employé par les aborigènes australien, a profondement[23] modifié la faune et flore d'Australie. Cette pratique consistait à bruler de vastes terres pour favoriser la chasse a entrainé la disparition de sa mégafaune... Malgré des moyens de surveillance et de lutte de plus en plus performant, leur nombre et leur gravité ne cesse de croitre en zone tropicale (Indonésie, Brésil.. ) mais également en Europe et en Amérique du Nord ou Australie. Prenant des proportions catastrophiques dans certaines régions (surtout autour de la Méditerranée), ils amènent à la mise en place de moyens de lutte particulièrement importants, dont l'efficacité est variable. L'ensemble des essences forestières sont combustibles, mais certaines riches en produits volatils facilitent le combustion et l'extension de l'incendie, d'autres résistent mieux (grâce à des phénomènes de protection comme la création de liège), ou se régénèrent plus vite.

En France, en moyenne 200 km² de forêt brulent chaque année (pour les années 2000). Certains estiment que les incendies ne sont pas une menace sérieuse pour les forêts mais plutôt un problème économique ; outre le manque à gagner en produits d'exploitation (bois d'œuvre et bois de chauffage), la prévention et la lutte contre les incendies coutent en moyenne 125 millions d'euros par an. Néanmoins des incendies à répétition sur des zones déjà morcelées peuvent amorcer de graves phénomènes d'érosion et de dégradation des sols. Certaines espèces (tortue terrestre par exemple en ont énormément souffert).

Il est complexe de tirer un bilan de l'action de l'homme sur les forêts : il ne se résume pas à des actions néfastes, car si les États n'ont pas enrayé la déforestation ni pu s'accorder pour rédiger et signer une convention mondiale pour la protection des forêts à Rio en 1992 ou à Johannesbourg en 2003, de nombreux programmes locaux d'études et de restauration de forêts existent dans le monde, dont les forêts modèles canadiennes.

En Europe de l'Ouest, la forme et la superficie des forêts européennes contemporaines résultent principalement de l'action de l'homme, et il est fréquemment admis chez les forestiers qu'elles sont gérées de manière durable. Au contraire de une idée répandue, la surface de la forêt française, après avoir fortement diminué jusqu'à la fin du moyen âge a réaugmenté, y compris depuis les années 1900 (d'environ + 30 %), mais fréquemment grâce à des plantations commerciales de résineux et peupliers, moins riches au niveau de la biodiversité et avec un recul des zones humides. Le gain en superficie n'a pas freiné ou compensé le recul des oiseaux, insectes, lichens et fleurs typiquement forestières, ni le recul massif du bocage et des arbres épars depuis les années 1950. Les arbres tendent d'autre part à être exploités de plus en plus jeunes et les plantations sont génétiquement peu variées. Hormis localement, suite aux tempêtes, le gros bois mort reste trop rare pour permettre la survie de nombreuses espèces d'invertébrés saproxylophages.

Bibliographie

Notes et références

  1. Rapport d'étape du Sénat français : «La biodiversité, l'autre choc» (33 pages, par l'OPECST)
  2. Source FAO (Extrait du résumé des conclusions de l'Evaluation des ressources forestières mondiales 2005, étude la plus complète à cette date, portant sur l'usage et la valeur des forêts dans 229 pays et territoires, de 1990 à 2005)
  3. Écodispositif forestier exceptionnel, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, consulté le 19 janvier 2008
  4. Registre des aires protégées du Québec, Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, consulté le 19 janvier 2008
  5. Registre des aires protégées du Québec, Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, consulté le 19 janvier 2008
  6. Registre des aires protégées du Québec, Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, consulté le 19 janvier 2008
  7. Stavros Dimas, commissaire européen à l'environnement, Conférence d'Athènes, les 27 et 28 avril 2009
  8. Source : Rapport ONU/FAO FRA 2005
  9. Source : FAO, Rapport FRA 2005 (Voir
  10. Source : Rapport WWF (J. Hewitt) Failing the forests – Europe's illegal timber trade (en)
  11. [http ://www. wwf. fr/s_informer/nos_missions/especes_menacees/commerce_mondial_des_especes_sauvages_traffic page d'accueil francophone du réseau TRAFFIC
  12. Étude de Chatham House (ex-Royal Institute for Mondial Affairs/Institut royal des affaires mondiales) montrait fin janvier 2006 que les lois de quatre pays de l'UE suffiraient - si elles étaient appliquées - à maîtriser l'importation de bois illégaux. Une législation européenne contre le blanchiment d'argent et la vente de bois sans licence est aussi proposée.
  13. Synthèse du travail collectif intitulé Derrière le label (FERN, 2001)
  14. Voir graphique FAO sur la part des forêts dites affectées à la conservation de la biodiversité
  15. Les fonctions économiques de la forêt. selon le site France Bois Forêt
  16. Site de la FAO
  17. Fiscalité forestière, S. Guéneau, Idées pour le débat, n° 19, 2004, Institut du développement durable et des relations mondiales. [1]
  18. Comment intégrer l'investissement forestier dans une stratégie patrimoniale ? (Benoît Loiseau, 2007) Source publiée en 2007 sur le site Forêt Patrimoine spécialiste de l'immobilier forestier.
  19. Les fonctions sociales de la forêt. Source publiée sur le site France Bois Forêt
  20. Rapport ONF Développement durable / Gestion 2006
  21. Baumgartner, 1969
  22. Forêt et santé, Guide pratique de sylvothérapie, éditions Dangles, 506p, 1985
  23. Prideaux, G. J. et al. 2007. An arid-adapted middle Pleistocene vertebrate fauna from south-central Australia. Nature 445 :422-425

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